10 mars 2021
De l’antiquité au moyen-âge les hommes se “disputaient"volontiers. La disputatio revenait à animer un débat à plusieurs organisé selon une progression « dialectique » et un déroulement codifié : une fois la questio présentée à tous, un “opponens” formulait des objections, puis un “respondens” devait y opposer point par point des contre-arguments. Des positions singulières étaient ainsi présentées, puis par questions et réponses, affirmations et réfutations, les oppositions étaient neutralisées progressivement pour ouvrir sur de nouvelles perspectives. A la fin de l’échange, le maître avançait une solution, la “determinatio”.
En se donnant les moyens d’une confrontation véritable, en laissant les différents points de vue s’exprimer et se confronter aux autres, la discussion progresse : il lève les oppositions apparentes, explicite les représentations sous-jacentes, crée une entente autour d’une vision commune, et stimule l’émergence d’idées nouvelles pour résoudre les problèmes.
Les échanges professionnels peuvent être des « bases d’entraînement » privilégiées pour s’exercer à cet esprit de confrontation.
Envie de jouter ? Hyperconsensuel s’abstenir !
Miser sur l’intelligence collective de la “dispute”
Les volontaires forment ensemble le projet d’atteindre par la discussion un résultat d´une plus grande valeur que celui qu’ils auraient pu atteindre seul et acceptent de remettre en question leurs positions.
La « disputatio », une forme de confrontation à réactiver, sous une forme à réinventer, pour en libérer toutes les vertus de discernement : exercer notre attention à se concentrer sur un problème, à laisser la pensée épouser les mouvement de la contradiction, à identifier les intérêts en jeu, à réduire le complexe au simple, traquer les failles d’un raisonnement,…